Les idées d’activités qui demandent du temps fusent tout au long de l’année. Mais voilà qu’avec la relâche à nos portes, on a peut-être le temps, cette fois, de monter enfin le spectacle dont les enfants parlent depuis des lustres, ou de sortir le coffre à outils. Car lorsqu’ils sont réalisés dans les bonnes conditions, ces chantiers ludiques ont tout un impact.
« Ils ont vraiment plusieurs effets positifs, croit Stéphanie Lebrun, psychologue scolaire. L’enfant ressent une fierté de voir ses efforts arriver à un résultat plutôt qu’à une réponse instantanée, comme dans un jeu vidéo. » Mener un projet à bien amène notamment l’enfant à développer son estime de lui, son sens de l’organisation et sa persévérance, énumère-t-elle.
« Et puis c’est tellement l’fun ! », ajoute Odile Archambault, mère d’Henri, 5 ans, et de Martha, 2 ans. Blogueuse et enseignante de formation, elle vient tout juste de publier le livre , un recueil d’idées d’activités à faire en famille. « Moi, c’est dans des activités comme celles-là que j’ai le plus de plaisir. Je trouve que ça amène encore plus un lien entre le parent et l’enfant. On embarque dans un projet ensemble, et on va triper tous les deux. On va s’investir. »
Son objectif : faire de la place dans l’horaire familial pour jouer, tout simplement, mais aussi pour prendre la balle au bond si son aîné manifeste le désir de s’impliquer dans une activité qui peut prendre toute une journée, voire plusieurs jours.
« Quand il fait un truc sur une plus longue durée, je le vois dans les yeux de mon garçon : il ressent une fierté d’être passé à travers tout ça, et de réussir l’activité. »
— Odile Archambault, blogueuse
Odile et son fils Henri ont d’ailleurs démarré ensemble un projet qui les mènera aux prochaines vacances familiales l’été prochain, à la plage. Le garçon a envie d’apprendre des mots en anglais afin de pouvoir les utiliser pendant l’escapade familiale. Ensemble, ils fabriquent des étiquettes qu’ils collent sur des objets dans la maison, pour apprendre à les nommer dans la langue de Shakespeare. Un jeu ludique qui s’étirera sur des mois.
« Quand le projet s’est avéré très positif, on peut en reparler lorsque notre enfant traverse une difficulté, évoque Stéphanie Lebrun. On lui dit : "Tu t’en souviens ? La dernière fois quand on a fait un projet ensemble, ça s’est bien passé ! C’est plus difficile pour toi de faire cette recherche pour l’école, mais est-ce que tu te rappelles comment tu t’y étais pris, dans notre projet, pour que ça fonctionne ? " »
Un apprentissage que souligne aussi Andrée Mayer-Périard, directrice générale du Réseau réussite Montréal, un organisme engagé pour la persévérance scolaire. « Terminer ce que l’on commence, poursuivre même si c’est difficile, être fier de s’être amélioré… tous ces éléments-là sont essentiels », croit-elle, avant d’ajouter qu’il ne faut pas perdre de vue que l’objectif initial, pour les enfants, c’est de participer à un projet ludique. Surtout pendant un congé scolaire.
Lorsqu’elle parle des grands projets qui allument ses enfants, Odile Archambault s’enthousiasme, mais souligne à grands traits qu’elle ne joue pas à l’animatrice de camp de jour.
« Je ne veux pas avoir l’air d’une mère qui se pense parfaite, et qui dit qu’il faut faire des activités tout le temps avec ses enfants, souligne-t-elle. Au contraire ! C’est de la déculpabilisation ! Faisons ce qui nous tente, ensemble, dans notre cocon familial. »
Parfois, la famille s’emballe et se lance dans de grands projets, mais au quotidien, elle aime tout autant sauter sur le lit, regarder des vidéos de musique sur YouTube et observer les nuages. Et parfois, ne rien faire du tout.
« Je sais ce qui marche avec Henri et je sais dans quel genre d’activités je vais perdre son intérêt. Je sais par exemple qu’avec la musique et la danse, je ne l’aurai pas toute la journée, explique-t-elle. Je ne veux pas seulement occuper mes enfants. »
« On en fait tous, des activités qui nous intéressent moins, mais pour les projets à long terme, il faut qu’il y ait un intérêt mutuel. Il faut que ça me tente ! »
— Odile Archambault, blogueuse
Cet équilibre est essentiel, ajoute Francine Ferland, ergothérapeute et auteure du livre . « L’ennui est beaucoup moins bien supporté par les parents, explique-t-elle. On va donc donner plein de choses à faire aux enfants pour qu’ils s’occupent. Oui, on planifie des activités à long terme, mais à côté, on doit réserver des moments pour qu’ils décident eux-mêmes ce qu’ils ont envie de faire. »
Francine Ferland ajoute qu’avant l’âge scolaire, les jeunes enfants ont du mal à attendre avant d’obtenir une gratification. Ils sont alors frustrés par les activités qui demandent un grand investissement de temps.
Les plus grands y voient quant à eux un défi lorsqu’ils ont vraiment envie de se lancer. « Il faut être contagieux dans notre enthousiasme ! », dit-elle.